« Cet accident m’a doublement brûlé. » Grands brûlés : se reconstruire après les flammes

C’est avec beaucoup de reconnaissance que nous avons pu, le samedi 7 décembre 2019, rencontrer un homme pour qui la vie a aujourd’hui une valeur ineffable. Guillaume – dont nous avons changé le prénom selon sa volonté – est devenu à 20 ans ce que l’on appelle un « grand brûlé », un survivant miraculé du feu. Son témoignage porte le touchant message de son combat pour se rebâtir après la fièvre.

Lorsque l’on demande à Guillaume de raconter son accident, l’émotion semble le gagner de façon intense. Et, pourtant, plus de douze ans sépare l’entretien qui nous réunit dans son appartement grenoblois, de l’instant qui aura changé sa vie pour toujours. En mars 2007, la voiture de Guillaume se fait percuter par une autre à pleine vitesse sur l’autoroute, provoquant l’embrasement des deux véhicules. « Je ne me souviens de rien qui ait succédé la collision » confie-t-il, dans un éclat de voix navré. « Je peux revoir la camionnette devant moi glisser sur la droite, et je me souviens de la seconde où je réalise que nous allons nous percuter. Après le choc, c’est le trou noir. » Inconscient, il est brûlé au troisième degré sur 60% de son corps, et transporté par hélicoptère à un centre de soin d’urgence pour grands brûlés , où il restera pendant plusieurs mois. Mais c’est en souriant qu’il déclare : « Cette hospitalisation a marqué le début de la période la plus enrichissante de ma vie. »

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Un individu est dit « grand brûlé » s’il souffre de brûlure au deuxième ou troisième degré (qui affecte épiderme et derme, empêchant la régénération des cellules cutanées) ; et ce, sur plus de 20% de sa surface corporelle.

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  Car la reconstruction de Guillaume s’est inscrite – et s’inscrit encore – dans plusieurs plans. « Il a fallu, tout d’abord, me rétablir physiquement. » En effet, dès son arrivée au service, le jeune homme est placé dans un coma artificiel pour plusieurs semaines ;  afin de lui prodiguer des soins et d’éviter la douleur. Greffes de peau, opérations, précèderont trois mois d’alitement interminables pour le sportif qu’il est.À l’hôpital, soutenu par le corps médical et par sa famille, la rééducation physique se met en place jour après jour. « J’ai dû réapprendre la moindre des évidences. Me tenir debout, marcher, m’assoir, tout était à refaire ; et le combat résidait dans chaque petit geste du quotidien. » 

Guillaume a également dû se confronter à son nouveau corps, couvert de marbrures et de cicatrices. « La chance que j’ai eu, dans mon accident, c’est que seule une petite partie de mon visage a été touchée par les flammes. Certains sont malheureusement entièrement défigurés. » Mais, malgré une certaine identité faciale conservée, il a fallut faire sien ce nouveau corps, et apprendre à l’aimer. Les premiers temps, Guillaume pensait qu’il serait impossible de ne plus regarder ses cicatrices un jour, tant elles étaient omniprésentes. Le regard des autres, parfois pesant, l’a poussé à porter des pulls même en été, pour cacher ses stigmates. « Mais je m’y suis fait, petit à petit, déterminé à reprendre une vie normale. C’était finalement comme une renaissance. »

Le plus difficile, pour le jeune homme, a été la reconstruction mentale. « Cet accident m’a doublement brûlé, affirme-t-il. Il a brûlé mon corps, et brûlé mon identité. Je croyais que ma vie entière avait été consumée dans les flammes. » Comme beaucoup d’accidentés, Guillaume est tombé en lourde dépression nerveuse. Impuissant face à la longueur de sa rééducation, il refusait d’accepter son sort. Et puis, un jour, le déclic. Le reflet de son corps maigre et meurtri dans le miroir. Guillaume ne veut pas d’une vie placée sous l’étiquette de « victime », et décide de se battre contre lui-même. Grâce aux psychologues qui l’aidaient et à la force de sa volonté, il a su, chaque jour, faire des progrès conséquents. Les flammes qui l’avaient éteint étaient désormais celles qui l’animaient d’espoir.

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 Chaque année, on dénombre 9000 accidents de brûlure en France (et 200 décès). La cause principale demeure les accidents domestiques (liquides brûlants, produits ménagers : les sources de risque sont nombreuses). La prévention reste aujourd’hui le meilleur moyen d’anticiper les accidents.

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    Aujourd’hui, Guillaume ressort victorieux  et grandi de cet accident. Infirmier, marié et père d’un petit garçon, il est pleinement épanoui dans sa vie, et a pu reprendre le sport. Il est par ailleurs régulièrement invité à témoigner auprès d’autres brûlés, pour raconter son histoire. « J’essaie de faire comprendre que la vie ne s’arrête pas ; mais qu’une nouvelle commence. Bien sûr, toutes les situations sont différentes, plus ou moins pénibles – et dans mon malheur, je me considère chanceux. J’ai rencontré des dizaines de cas plus difficiles que les miens. Mais je crois qu’il faut s’accrocher, quoi qu’il arrive. C’est pour ça que le rôle de la famille et de l’entourage est fondamental. Ce que je souhaite par-dessus tout, c’est aider les accidentés. Je suis convaincu que la vie a voulu de moi que je reste pour transmettre un message d’espoir.» 

Le traumatisme reste là, il est ancré, à vie. Mais Guillaume affirme se porter bien aujourd’hui, et être en bonne santé – tant sur le plan moral que physique. Les cicatrices strient toujours sa peau mais il ne les voit plus, et ne prête plus attention au regard des autres ; et il continue de lutter pour faire de son chemin un modèle pour d’autres accidentés. Les témoignages comme ceux de Guillaume, multipliés par la diffusion des médias et réseaux sociaux, sont essentiels : pour montrer aux blessés que la vie après l’incendie n’est pas moins lumineuse, si l’on s’accroche à la flamme de l’espoir.

MARIE NIMSGERN

Des Führers aux brulures picassiennes

            Le musée de Grenoble présente du 5 octobre 2019 au 5 janvier 2020 une exposition intitulée « PICASSO Au cœur des ténèbres (1939-1945) ». A travers ces œuvres d’arts, nous retrouvons les thèmes brulants qu’incarnent la mort, le nazisme, le franquisme et les relations sentimentales arrachées. Picasso n’a pas seulement perdu sa patrie au cours de cette période, mais aussi sa mère, son meilleur ami et la femme qu’il aimait. Avant-gardiste, il fut l’un des premiers à annoncer et représenter l’inévitable Seconde Guerre Mondiale – critiquer en son temps, il est aujourd’hui impensable de ne pas reconnaître sa flamme artistique qui brule en lui. A travers ces tableaux moroses, Picasso nous communique de façon poignante l’effroi de ces années de Terreur.

            Picasso dans « Chat saisissant un oiseau » peint en 1939, incarne toutes les libertés arrachées aux peuples. L’oiseau qui a la capacité de voler au-dessus de tout danger, au-dessus de toutes menaces, symbolise la liberté. Cependant cette liberté représentée par l’oiseau dont l’aile est arrachée, perd l’outil nécessaire à sa survie ainsi qu’à sa façon de se déplacer. Cela nous informe la manière dont Picasso conçoit les dégâts de la guerre dont le parti Nazi s’approprie les territoires français et encadre les populations. Le chat représente toute la férocité du parti Nazi, ses yeux écarquillés à l’image du sang le stimule. Le regard froid, les narines dilatés, les griffes sorties, le ventre remplie par ses victimes, il est la symbolique de la colère et de la folie nazie. Le contraste des couleurs marque cet instant, des grands yeux blanc et noir à la vue d’une aile en sang. Le chat représente alors la perte de liberté ainsi que la liberté de mouvement dont les populations sont privées.

Le tableau incarne un fait pire que la mort, celui d’être privé de liberté pour une idéologie allant à l’encontre des libertés fondamentales, du respect, de la paix, de la compassion… tout ce qui qualifie un être humain équilibré. C’est pour cette raison que Picasso utilise des animaux afin de dénoncer ce manque d’humanité si bestial.

La toile Nature morte au crâne de taureau, peinte par Picasso le 5 avril 1942 suite au décès de son ami sculpteur Julio Gonzalez, est un memento mori saisissant. Il s’agit conjointement pour le peintre d’un biais pour exorciser la profonde tristesse qu’a provoqué en lui l’annonce de sa mort prématurée et de lui rendre hommage. C’est ce grand chagrin le brûlant intérieurement que le peintre retranscrit sur cette toile sobre et obscur, dont se détache tel un être fantomatique la très pâle tête de taureau. Cette peinture est un chant funèbre dédié à l’artiste comme en témoignent l’austère ciel violacé et la croix à l’arrière-plan. Ces éléments confèrent à la nature morte un aspect dramatique. Profondément endeuillé et peiné, Picasso aurait confié à Fénosa, un sculpteur Catalan, « C’est moi qui l’ai tué ».

L’huile sur toile, Femme au chapeau dans un fauteuil, peinte par Picasso à l’effigie de Dora Maar, sa maîtresse attitrée et égérie des surréalistes, reprend ironiquement à l’iconographie des rois et des reines l’attribut du trône. Il s’agit pour lui de transmettre une impression d’enfermement par ce fauteuil aux barreaux noirs pouvant évoquer ceux d’une cage de fer ou les barreaux d’une cellule de prison. Cette œuvre expose l’ambiance des années de guerre. Picasso fait subir à Dora, à travers de nombreuses peintures, toutes les métamorphoses afin qu’elle puisse incarner le drame qui se profile. Stylisé et animalisé, son visage et son corps ne peuvent plus réellement être considérés comme tels. Ils sont utilisés par le peintre afin de transmettre son effroi et sa désillusion.

Femme au chapeau assise dans un fauteuil Dora Maar 1941 Oil Painting

            Ainsi nous vous recommandons cette exposition puisque que comme nous, elle vous permettra de comprendre et de ressentir tout de dont les victimes du nazisme ont eu l’effroi d’endurer. Ces tableaux parlent d’eux-mêmes, pour la plupart d’entre eux, les couleurs, les formes et les objects (tissus, cartons…) utilisés par l’auteur vous laisseront stoïques. Ce ne sont pas que des tableaux, ce sont des sentiments, des émotions, de la peur et de l’horreur que Picasso a peinte. Or il ne s’agit pas que d’un point de vu, mais aussi celui de nombreux peuples qui ont souffert pendant plus de 6 ans. Plus de six puisqu’un nombre incalculable de plaies ne se sont jamais refermées et images qui ont pu hanter les pensées et les rêves les plus intime.

Prendre part à cette exposition est tel un devoir de mémoire et une façon de dire : plus jamais la guerre.

MANON FOURNIER-BIDOZ, SOLENE FORNENGO

« l’Etat réduit de lui-même son périmètre d’action pour faire des économies. »

Voilà ce qu’une enseignante déduit de la politique gouvernementale sur les services publics en France.

Lors des grèves du jeudi 5 décembre, la mobilisation dont la France a été témoin a réunis plus de 1,5 millions de personnes selon les syndicats. Ce que les grévistes reprochent tient à la nouvelle réforme de la retraite. Pourtant, des slogans présents dans les cortèges tenaient le gouvernement responsable de la fin du système social en France. Lors de ces grandes processions, les professeurs sous els drapeaux d’un de leurs syndicats, la FSU (Fédération syndicale unitaire). À l’occasion de ces manifestations, (nom prénom) nous répond :

  • J’ai fait grève contre la proposition du gouvernement d’un nouveau système de retraite, ce n’est pas contre la personne du Président de la République ou sa politique générale mais contre ce projet de réforme des retraites que je fais grève.

Ainsi, ce sont une politique précise que les grévistes veulent arrêter. Pourtant, le système en France n’est pas parfait selon le gouvernement Philippe. A cela, notre enseignante répond :

  • Non, il fonctionne, je suis fonctionnaire de l’éducation nationale, pour moi il fonctionne, mais on pourrait l’améliorer en accordant par exemple d’avantages de moyens au service public hospitalier : le coup de grâce a été donné par le choix de la tarification à l’acte en 2004. Cela a tout bouleversé dans le financement les hôpitaux publics.

Ce sont alors les financements qui baissent selon cette enseignante. De plus, la valeur de son emploie se voit de plus en plus malmené ces derniers temps. Selon elle, les aides ministérielles ne sont pas assez accrues pour pouvoir revaloriser le métier d’enseignant.

  • Un jeûne diplômé à bac+5 a le choix, il préfère de plus en plus se tourner vers un autre métier car les débuts de carrière sont sous-payés, ne permettant de vivre décemment par exemple en région parisienne étant donné le niveau des loyers, et les conditions de travail dégradées : effectif des classes, difficultés à boucler les programmes, manque de revalorisation de la profession : gel du point d’indice des fonctionnaires depuis plusieurs années, tensions nerveuses en classes.

Ces manifestations sont alors multiples, les enseignants, les cheminots, les chômeurs et salariés sont ensemble pour lutter car selon eux « c’est ensemble qu’on va gagner ». Dans un système social de moins en moins présent. Leurs actions restent pour la majorité pacifique et si le nombre inédit de 1,5 millions, depuis 2003, de personnes dans les rues a de quoi inquiéter le gouvernement, la grève reste cependant en déclin avec seulement 300000 personnes présentes le mardi 10 décembre…

François Thery et Cyrus Daneshfar

Les formats non conventionnels des couples de jeunes soulagent-ils la corrosivité des brûlures sentimentales ?

Dans nos sociétés occidentales modernes, la remise en question du couple traditionnel est de plus en plus courante, même s’il est important de rappeler que l’exclusivité et l’union d’un homme et d’une femme restent encore la norme sociale dominante. En 2005, Butler est le premier à employer le concept de l’« hétéronormativité » pour dénoncer l’injonction de l’ « ordre hétérosexuel » et du format typique des couples. Mais cet anti-conventionnalisme ne se limite pas aux écrits sociologiques. L’ère du numérique a facilité la prolifération de témoignages sur les manières différenciées des individus à concevoir et à vivre l’amour, ce sentiment vif et universel, tant espéré mais également tant appréhendé.

   Polyamour, polygamie, libertinage, hiérarchie relationnelle ou anarchie relationnelle pure et parfaite, « trouple » ou couple libre…Il semble exister autant de formats de relations qu’il existe de manières de percevoir sa sexualité ou d’individus concernés. Mais qu’est-ce que cache réellement ces termes ? Sont-ils les révélateurs d’un « mal du siècle », qui pousserait à une remise en question perpétuelle des schèmes établis, à cette injonction au plaisir et à la productivité ? Ces pratiques sont-elles le signe de la mouvance de la société et d’une libéralisation des mœurs ou bien s’agit-il seulement d’une facilitation de la parole ?

   Avec la longévité qui augmente parallèlement au niveau de vie, la difficulté de former un couple stable et heureux paraît complexifiée. L’ouverture sexuelle serait-elle une alternative préférable ou ne serait-elle pas plutôt la signification d’une angoisse profonde et grandissante, la peur de l’engagement, maintenant que le mariage est bien moins contraint ?

   C’est ce que j’ai cherché à découvrir, en recueillant le témoignage de trois personnes : la première, un « anarchique relationnel », polygame et polyamoureux, enchaînant les relations comme un barman enchaîne ses tournées. Le second, en relation libre, à l’amour exclusif mais aux sentiments pouvant être partagés avec une tierce personne. Et la troisième, en couple traditionnel, hétérosexuel monogame et exclusif.

   Les trois entretiens menés concernent des individus de dix-neuf ans et ne sont pas représentatifs de la population globale mais ils tendent à éclairer le spectre de ces pratiques obscures.

   Le premier fut écrit et mené de manière informelle avec un « anarchique relationnel », entretenant    des relations sexuelles, amoureuses et/ou sentimentales avec plusieurs personnes, principalement du sexe opposé. Dans ces quelques lignes, il évoque son quotidien et le confort que lui permettrait ce type de relations, moins « stricte » selon ses termes. A la question autour de la pérennité d’une multiplication des relations, il répond :

 « – (…) ça ne va pas changer, parce que j’aime vivre des choses avec plusieurs personnes, je ne me sens pas de me mettre dans une relation unique (…) Y’a pas de mieux ou de moins bien, c’est toujours différent de vivre des choses avec quelqu’un (…) Je sais pas si c’est une solution pour le long terme, mais pour l’instant c’est ce qui me convient (…) Je ne me sens pas à ma place dans une relation stricte (…)

 –  T’es jamais jaloux ?

–  Pas trop…et quand je le suis un peu, je trouve que ça me donne encore plus de désir envers l’autre (…) Je pense que quand on aime quelque chose, on aime le partager et j’aime bien savoir que mes « partenaires » prennent du plaisir ailleurs (…) c’est pas un concours ».

   Son pilier ne serait pas l’attachement réciproque à une personne unique, qui pourrait combler un manque affectif et soulager des failles internes, mais la liberté, capitale. Il ne projette pas d’avoir des enfants et entend poursuivre sa vie de la même façon. Ce type de comportement quoique relativement marginal, est typique de l’adolescence : la difficulté de projection d’avenir lorsqu’on ne sait pas qui on est et que notre identité est fragilisée.

   Le second entretien fut réalisé avec un jeune homme de dix-neuf ans, en couple depuis presque un an, qui conteste l’ethnocentrisme et la normativité des relations sentimentales :

   « Je me suis mis en couple avec X. Relation exclusive. Après discussions, on s’est tous les deux rendus compte qu’on n’arrivait pas à trouver du sens à la monogamie et que ça ne nous posait pas de soucis d’être libres ».

   Mais la liberté fluctue selon les angoisses et les désirs de chacun. Si l’un des deux du couple ne trouve plus de sens à la polygamie, la relation redevient exclusive pour un temps. La monogamie signifierait une relation sexuelle et/ou sentimentale avec une seule autre personne, contrairement à la polygamie, qui en suppose plusieurs.

   Néanmoins, cet anonyme trouve nécessaire d’accorder une plus large importance à une personne. Il serait l’illustration d’une forme de hiérarchisation relationnelle :

   « Ma relation avec X est prioritaire sur tout. Mais je peux construire autour des amitiés incluant potentiellement une forme de sentimentalité (…) Faire fonctionner une relation amoureuse est tellement d’investissement que je ne peux avoir une relation qui passe au-dessus de tout (dans le cadre où je suis en couple (…). »

   Cette hiérarchisation pourrait se poursuivre avec les liens subsidiaires entretenus avec les autres personnes, de l’ordre du sentiment, plus rare, ou de la sexualité, où l’anarchie est plus de mise.

   Se revendiquant bisexuel, il aborde la distinction des comportements des genres masculin et féminin, le premier, qui transgresserait davantage les propres normes établies avec ses partenaires :

   « J’ai rarement trouvé des mecs fiables qui étaient sur des modèles de liberté. Genre j’ai vu beaucoup de cas de mecs qui abusaient. Et ça m’embête doublement : je veux pas fréquenter des mecs pas honnêtes ET j’ai peur de reproduire ça aussi ».

   Le dernier entretien, cette fois-ci oral, fut mené avec une jeune femme en couple depuis deux ans avec garçon d’un âge proche. Trouvant du sens à la monogamie, elle dit se complaire dans sa relation exclusive. Le sentiment d’enfermement ne semble pas ressenti. Serait-ce le signe d’une plus grande maturité de l’esprit de cette jeune fille en particulier, ou traduit-elle la différenciation d’aptitudes et/ou de volonté entre le genre masculin et féminin, en particulier dans la jeunesse, de s’engager ? Pourtant selon des études statistiques récentes issues notamment de la chaîne YouTube d’Unmissabl, bien que quelque peu contestables dans leur réalisation, les hommes âgés de vingt ans environ ont tendance à préférer une sexualité avec amour, et exclusive, et non un enchaînement de relations, pouvant être destructeurs.

   Ainsi l’entrée dans la sphère publique de témoignages de ces pratiques anti-conventionnelles semble diminuer les diktats de l’hétéronormativité et augmenter la liberté des acteurs, et peut-être, par un lien de causalité, accroître le nombre de ces pratiques « déviantes ».

   Toutefois, typiques de l’adolescence, elles constituent également une manière de se protéger de ses désirs, de soi-même, ainsi que de ses angoisses, par la diversification des relations et un moindre « lâcher prise » de soi, même si la hiérarchie relationnelle, dans le cadre du polyamour, demanderait une importance accrue à la communication du couple de base.

   Face à ce constat, les contusions de ces brûlures sentimentales ne sont pas près de se résorber, du moins pas dans la facilité.

Anna Jung.

« Non, je ne conseille pas le métier du bâtiment aux jeunes aujourd’hui »

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Les points de vue, désenchantés, de deux ouvriers du bâtiment sur cette profession qu’ils ont exercé pendant une vie.

Oui, cela peut surprendre venant de la bouche de deux ouvriers, aux portes de la retraite, pour qui leur emploi dans le bâtiment a rythmé leur existence. Les conditions de travail sont pénibles et le secteur ne séduit pas. Pourquoi cette activité dont on admire encore aujourd’hui les œuvres ne captive pas au point d’être déconseillée par ses propres pratiquants ?

«Il faudrait que ça soit fini avant d’avoir commencé»

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C’est leur impression. Voilà ce que disent ces deux ouvriers chevronnés. Ils le connaissent ce secteur, ce dernier a rythmé leur vie, ce dernier est une part de leur vie, et pourtant… Ils ont l’impression qu’on leur demande de faire toujours plus, toujours plus vite. Cela peut être source de pression et peut amener à augmenter les risques sur un chantier, nous indiquait l’un des deux ouvriers interrogés. Ce sentiment peut-t-il être lié à un choix par défaut…

« Je vous le dis ce soir avec force, nous sommes ce peuple de bâtisseurs. »

Depuis le Palais de l’Elysée, le Président de la République Emmanuel Macron l’affirmait au lendemain de ce qui a été qualifié de « Notre-Drame » (Une de Libération, du mardi 16 avril 2019). La cathédrale de Notre-Dame de Paris venait de bruler et une vive émotion traversait alors le pays. Cependant, cette admiration pour la construction semble s’arrêter aux illustres réalisations. Hormis au détour d’un sujet dans les journaux télévisés, à l’occasion de conditions climatiques exceptionnelles, il est rare d’entendre parler des métiers du bâtiment. Et pourtant, son poids dans l’économie est non seulement réel, et considérable

« On m’a dit ‘’ hé bien, tu ne travailles pas bien à l’école, tu vas aller travailler’’ »

De prime abord, cela semblerait être le cas, ils ont tous deux admis ne pas avoir toujours voulu faire ce métier, il semble que celui-ci relève plutôt d’une décision à défaut : « On m’a dit ‘’ hé bien, tu ne travailles pas bien à l’école, tu vas aller travailler’’ » affirmait l’un d’eux, « à cette époque, c’étaient les parents qui décidaient ». Lorsqu’on lui demande l’âge qu’il avait, la réponse peut surprendre : « Je n’avais pas dix-sept ans ». Voilà 43 ans. Quarante-trois ans à « monter des moellons », quarante-trois ans à porter des sacs de ciments, quarante-trois à porter des sceaux de sable, quarante-trois ans à « tirer des tuyaux »… Cela explique peut-être leur réponse quant au conseil à donner à un jeune, hésitant. Cependant, cela n’est pas qu’une question de frustration. Malgré les difficultés et un sentiment de manque de reconnaissance, c’est un bien de la fierté qui a été manifestée.

Un secteur qui ne séduit guère

Malgré ce dynamisme et cette importance, la main d’œuvre du bâtiment manquerait. L’Onisep indique lui-même, un peu plus loin, que « Les besoins concernent les postes de maçon, couvreur et coffreur, où les candidats manquent ». Cependant, après deux entretiens réalisés séparément avec deux ouvriers du bâtiment en fin de carrière, à la question « Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui serait intéressé par les métiers du bâtiment ? » La réponse fut unanime. « Non, je ne conseille pas le métier du bâtiment aux jeunes aujourd’hui ».

Le secteur du bâtiment : un mastodonte économique…

D’après la Fédération Française du bâtiment (FFB), dans une publication datant de Juin 2019 pour l’année 2018, « Le bâtiment en chiffres. 2018 », ce secteur comptait 394 000 entreprises, 1 104 000 salariés, 373 000 artisans – soit 1 477 000 actifs – et 140 milliards d’euros (hors taxes) de travaux. L’Onisep (Office national d’information sur les enseignements et les professions) présente ce dernier, sur son site internet, comme « l’un des premiers employeurs de France ».

La question du niveau de la rémunération

Le salaire, dit « débutant » (Onisep), pour un maçon, au début de sa carrière peut être une première clef de compréhension du malaise perceptible par les propos recueillis. L’Onisep indique qu’il s’élève à 1521 euros brut mensuel. Cela est le montant du smic (brut) 1er Janvier 2019, soit 10,03 euros horaire brut. Après quarante trois ans dans la même entreprise, de petite taille, l’en d’eux nous indiquait être payé 13 euros de l’heure, brut, à la fin de sa carrière, juste avant de partir à la retraite.

Le bâtiment, un secteur à risques ?

En France, en 2017, 120 ouvriers du BTP (bâtiment et travaux publics) ont perdu la vie des suites d’un accident de travail d’après la « Synthèse de la sinistralité AT-MP 2017 du CTN B. Industries du bâtiment et des travaux publics » d’octobre 2018. On constate cependant une baisse significative du nombre d’accidents du travail avec arrêt dans ce secteur, on en a dénombré 86 886 en 2017 alors qu’on en comptait 100 617 en 2013. La manutention manuelle a été, en 2017, la première cause d’accidents du travail (48,5%). Les chutes quant à elles ont été à l’origine de l’accident dans 30,9% des cas – 13,8 % de chutes de plain-pied et 17,1% de chutes en hauteur – l’outillage à main dans 14,9% des accidents.

« J’ai toujours été fier de ce que j’ai fait. »

C’est ce qu’a affirmé un des deux interviewés, un chapiste qui a dû laisser de côté la maçonnerie à la suite de problèmes de santé liés à l’usure de son travail. Peut-on imaginer un instant la fierté et la satisfaction de cet ouvrier du bâtiment, lui qui, désignant un édifice, partout où il passe dans les alentours de l’entreprise qui l’embauche, peut dire à son enfant : « tu vois celui-là, papa a participé à sa construction ».

Avenas Lucas

« J’accuse » de Roman Polanski sous le feu des critiques

Faut-il différencier l’auteur de son œuvre ? Regards croisés.

Le nouveau film du célèbre Roman Polanski, est déjà au cœur d’une polémique qui repose une question essentielle dans la sphère de l’art : peut-on dissocier l’œuvre de son créateur ?

Roman Polanski, réalisateur de films à succès (Le Pianiste, Le bal des Vampires, Carnage, etc…) possède un talent qui n’est plus à prouver, ce qui n’est pas le cas de sa légitimité. Le réalisateur est impliqué dans plusieurs affaires de viols, et notamment sur mineure, la polémique a refait surface aves j’accuse, puisque Valentine Monnier assure que le cinéaste l’a violée plusieurs fois en 1975 (où elle était alors âgée de 18 ans. Le film, a donc connu une promotion bousculé, puisque Jean Dujardin (acteur principal du film) comme Emmanuel Seigner (femme est actrice dans le film) a refusé de venir sur les plateaux télés pour en faire la promotion. Tout comme le mouvement #MeToo qui se mêlant à l’affaire a appelé au boycott le film.

Source : Allociné

Qu’en est-il alors du film à sa sortie ? Malgré toutes les polémiques et les blocages de salles de cinéma par des mouvements féministes comme à Rennes ou Paris, cela n’a cependant pas empêché le film d’arriver en tête du box-office hexagonal sur cinq jours, à l’issue du week-end. Il a réalisé le septième meilleur démarrage de l’année pour un film français, avec 386 720 entrées dans 545 salles.

Roman Polanski, n’est pas le seul cinéaste à appartenir à de telles affaires, Kevin Spacey en fait partie, il a été pour sa part retiré au moment des polémiques de la série à succès House Of Cards. Luc Besson,  ou James Toback ont aussi été accusés plus récemment.

Quelle position faut-il alors adopter ? Plusieurs personnalités influentes se sont alors prononcées à ce sujet :

Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement n’ira donc pas voir le film.

« Je n’irai pas le voir parce que j’ai besoin quand je vais assister à un spectacle de partager aussi quelque chose avec celui qui l’a créé. Je ne crois pas partager grand-chose avec un homme sur lequel » pèsent « de telles accusations ». France Inter

Edouard Philipe, quant à lui a annoncé sur France Inter, qu’il irait voir J’accuse :

« Je ne l’ai pas encore vu mais je vais aller le voir avec mes enfants », parce que « c’est un sujet qui me passionne depuis très longtemps et parce que ceux qui l’ont vu m’ont dit que c’était un bon film »

Roman Polanski ; lui se place en victime et a établi un parallèle entre lui et Alfred Dreyfus :

« Dans cette histoire, j’ai retrouvé des moments que j’avais parfois vécus moi-même. Je peux voir la même détermination pour nier les faits, et me condamner pour des choses que je n’ai pas faites. […] Je connais bon nombre de mécanismes de persécution qui sont à l’oeuvre dans ce film »

Mais qu’en est-il de l’avis des spectateurs qui se sont déplacés ou non pour J’accuse ?  Au travers d’interviews en sortie de salle, tout comme des commentaires laissés par des spectateurs sur le site 20 Minutes, nous vous laissons vous faire votre propre idée :

  • L’argument de la substitution à la justice règne, pour certains spectateurs ce n’est pas à eux de décider, comme nous le fait remarquer Patrick :

 « Je connais les affaires Polanski, y compris le dernier témoignage de Valentine Monnier, mais je ne suis pas juge, ni qualifié pour définir une position tranchée sur le sujet. Je n’aime pas non plus les « tribunaux populaires » qui décident de faire justice eux-mêmes sans attendre une éventuelle décision de justice. »

  • Pour d’autres il serait stupide de punir toute l’équipe du film en boycottant le film :

« Punir Polanski n’aurait pour moi aucun sens dans la mesure où beaucoup de monde a travaillé sur ce film et mérite d’en récolter les fruits », explique Dominique. « Pourquoi les acteurs, les scénaristes, les producteurs, les techniciens, les costumiers… qui ont travaillé dur (et très bien) pour ce film, devraient-ils subir un lynchage de leur travail alors qu’ils n’ont rien à voir avec cette histoire ? »

  • Enfin certains n’iront pas voir le film quoi qu’il arrive comme Morgane :

« Personne, si ce n’est les féministes, personne ne pense aux victimes. A celles qui ont vu leurs vies chamboulées, celles qui attendent que justice soit rendue. La honte c’est que le cinéma français préfère se mobiliser pour le « droit d’importuner » plutôt que d’avoir des positions fortes contre les harceleurs et les violeurs. Et ça me dégoûte que Polanski se serve de l’affaire Dreyfus, innocent de tout crime, pour la comparer avec sa propre vie. Séparer l’œuvre de l’auteur, surtout dans ce contexte est impossible… »

Les avis ne convergent donc pas sur l’Affaire Polanski, une solution semble tout de même être trouvé, puisque Roman Polanski a déjà été exclus de l’Académie des Oscars, et ses pairs ont aussi pris position, puisque La Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP), organisation comptant plus de 200 cinéastes, proposera au printemps à son assemblée générale de suspendre le réalisateur franco-polonais, accusé de viol aux États-Unis. Cependant cela sera-il suffisant pour punir Roman Polanski ?

Mathéo Guy

Réchauffer les cœurs ou surchauffer la Terre : le dilemme des cheminées.

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Elles sont là, elles ne bougent pas et pourtant notre utilisation a bien évolué dans le temps. Les cheminées ont jadis eu une part importante dans la vie des Français. Elles font toujours parties des demandes des acheteurs : entre 2002 et 2006, le marché total des cheminées et poêles a enregistré une croissance de près de 93 %, selon la société d’étude MSI.  Mais à l’heure du gaz et de l’électricité, leur utilité première a changé. Mais pourquoi sont-elles alors toujours là ? 2 générations, c’est peu mais pourtant, avec la vitesse du développement de ces dernières décennies, certaines choses ont changé.

Monique S., retraitée a toujours vécu avec une cheminée dans son lieu de vie, et dans son entourage, presque tout le monde en avait. Pendant son enfance, la cheminée et le poêle à bois étaient les seuls moyens de se chauffer, et ce, des années 50 aux années 70. Et même lors des années 80, lorsque que son mari et elle ont construit une villa provençale, il leur était impensable de ne pas avoir de cheminée. Ensuite, avec le progrès sont apparus l’électricité et le gaz et les cheminées ont perdues leur fonction indispensable et leur utilité.

Lorsque sa fille Mélanie S. a emménagé chez elle, la cheminée n’était pas du tout un critère de choix, seulement un petit plus. Elle se rappelle son père qui chauffait la maison avec la cheminée. Mais elle ne l’utilise éventuellement que pour des raisons économiques. Et à la question « Si vous venez à déménager, prendriez-vous un lieu de vie avec un cheminée et pourquoi ? », celle-ci me répond « Pourquoi pas ». Il est évident que ce n’est pas le caractère économique trop peu important de la cheminée qui lui donne envie d’éventuellement garder une cheminée. Mais alors, qu’ont donc de spécial les cheminées pour que deux femmes de générations les apprécient et y tiennent ?

Toutes deux ont en vérité une relation sentimental à la cheminée. Monique S. me raconte la convivialité autour du feu et ses souvenirs d’enfance, le spectacle magique que représentait le feu pour elle et les cadeaux au pied de la cheminée. Ce même sentiment se retrouve chez sa fille Mélanie S. qui me parle des fêtes de noël, de la chaleur humaine des discussions et des rire au coin du feu, et de sa fierté enfant lorsqu’elle allumait le feu.

Il y a donc un attrait conviviale indéniable à la cheminée, mais à quel prix. Il faut bien se rappeler que, malgré la loi relative à la transition énergétique qui prévoit de porter la part des énergies renouvelables à 32% de la consommation finale brute d’énergie en 2030, la combustion dégage beaucoup d’émissions. Il n’est pas rare d’observer des pics de pollutions dans las grandes villes mais aussi dans les vallées alpines due à la consommation de bois et à la vallée qui n’évacue pas la pollution par des courants d’air.  Cette pollution causée par une énergie renouvelable est un véritable problème, mais pas insurmontable. Il y a en effet quelques astuces pour pouvoir faire des réunions au coin du feu sans trop polluer.

Certains bois sont moins pollueurs comme le hêtre ou le charme. Il est cependant déconseillé d’utiliser du chêne ou des résineux. Le bois humide augmente jusqu’à 25% les émissions et réduit la chaleur diffusée. De plus, allumer par le haut, donc mettre les grosses buches en bas et le petit bois en haut, peut réduire les émissions de 30% à 50%. Il existe aussi des types de chauffage au bois meilleur que les autres. L’INERIS indique que les chaudières domestiques à granulés, à buches ou à plaquette sont à privilégier, avec les poêles à granulés. En effet, ceux-ci ont le meilleur rapport entre leur performance énergétiques et leur performance environnementale. Mais il faut se rendre à l’évidence, la cheminée traditionnelle, bien qu’elle garde un aspect authentique et convivial, n’est plus recommandable.

Alors modernisons notre cheminée et nos mœurs avec et dorénavant, rassemblons-nous devant un poêle à granulés et ainsi, réchauffons nos cœurs sans surchauffer la Terre.

Lou-Anne Desfoux

La réforme du bac qui fait bouillonner les français !

Le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer présente en 2018 son « nouveau bac » qu’il estime plus adapté pour la future orientation professionnelle des élèves. Cette réforme s’appliquera dès le bac 2021.

L’essentiel de la réforme ?

 – Décloisonner le baccalauréat général en supprimant les séries générales. Le système de la répartition des classes par séries (série littéraire, ou série scientifique, ou série économique et sociale) sera abandonné en faveur d’un nouveau système articulant disciplines communes (obligatoires) et disciplines d’enseignement de spécialité (trois au choix en première et deux au choix, parmi celles déjà pratiquées en première, en terminale).

 –  Réduire le nombre d’épreuves pour recentrer l’examen sur un plus petit nombre de matières. Un lycéen passe aujourd’hui une douzaine d’examens, répartie sur 2 ans. Ce nombre sera nettement réduit, pour donner plus de place au contrôle continu. 40 % de la note finale sera désormais fixée en contrôle continu et 60 % via les notes finales.

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Pourquoi fait-elle bouillonner l’hexagone ?

Témoignages d’enseignants défavorables et favorables à la réforme :

  •  « Je suis totalement contre cette réforme pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle est synonyme d’une fin de bac national pour un diplôme local et inégalitaire car tous les lycées n’auront pas l’ensemble des options proposées dans la réforme. De plus, la fin des filières marque l’arrêt des classes puisque les élèves ne sauront regroupés que par leurs spécialités, il n’y aura donc plus d’ambiance de classe, plus de projets pédagogiques. J’avais pour habitudes d’emmener mes élèves au parlement européen chaque année mais avec la réforme cela risque d’être compliqué. Par ailleurs, faire choisir à des élèves de 15 ans des spécialités est je trouve beaucoup trop tôt, ils sont encore immatures. Dans un aspect plus social, on sait pertinemment que les enfants de classes favorisés vont se diriger vers les anciennes matières de la filière scientifique, donc le but initial du ministre de l’éducation qui était de désacraliser certaines filières ne sera en aucun cas effectif. En plus, les enseignants ne seront plus rémunérés pour la correction des copies alors que cela reste une charge de travail considérable. Enfin, les examens qui sont censés se tenir en janvier sont bien trop tôt pour effectuer des séquences dignes de ce nom, le temps d’apprentissage pour les élèves y sera réduit considérablement, c’est en fait un bac au rabais ! »    

Mr. ABA, Enseignant en sciences sociales et d’économie au lycée Ismaël Dauphin de Cavaillon (84)

Cependant, tout n’est pas noir non plus. En effet, certains professeurs accueillent avec enthousiasme ce désir de changer un examen qui commençait à se faire vieux pour beaucoup. 

Zone de Texte:
  • « Je vois cette réforme comme une excellente opportunité pour les élèves, ça va leur permettre de mieux choisir leur orientation, de ne plus être cantonnés à une filière en particulier. Quand on voit les résultats dans le supérieur, notamment à l’université, on peut se dire que l’ancienne formule ne préparait pas assez bien les élèves à l’après-bac, c’était une nécessité de changer ça. C’est une idée audacieuse et intéressante. J’aurais adoré avoir ça lorsque j’étais moi-même lycéenne. Cependant, un certain nombre de problèmes techniques se posent, en particulier pour les ex ES qui devront choisir entre pas de maths ou les maths de S. En tant que professeure de mathématiques, je peux vous dire que le niveau dans ma matière est de plus en plus catastrophique. Il reste toujours certes une bonne proportion de bons élèves, mais globalement, les bases de calcul élémentaire, ou bien la capacité de concentration, sont des points très faibles. Cette réforme veut remédier à cela, on va voir. »

Mme. Magnon, Enseignante en mathématiques au lycée Saint Louis de Crest (26)

        La réforme du bac crée donc des avis divergents au sein du corps enseignant et de l’éducation nationale en général. Bien que nous ayons vu ici deux points de vue opposés, cette réforme rassemble plus d’opposants que de personnes favorables à ces modifications sur le diplôme français le plus connu. Reste à savoir si les points forts évoqués par le ministre de l’éducation nationale tiendront toutes ses promesses, ou si cela ne fera que décrédibiliser ce dernier.

Kemacha Sara